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Les défis énergétiques et opérationnels des bâtiments multirésidentiels face à la pandémie du COVID-19

28 janvier 2021

 

(Rédigé par le comité technique du DÉI)

Les gestionnaires d’immeubles multirésidentiels de petite et moyenne envergure disposent généralement de moyens limités pour investir dans la modernisation ou l’amélioration des équipements de chauffage, ventilation et conditionnement de l’air (CVCA) de leurs bâtiments. Ainsi, la mise en œuvre des recommandations de l’ASHRAE concernant l’opération des systèmes CVCA pour mitiger les risques de transmission du COVID-19 (relayées dans l’article du 22 octobre 2020) représente un défi difficile à relever pour la plupart de ces gestionnaires. Pour l’instant, il ne semble pas y avoir de recommandations adressées spécifiquement aux bâtiments multirésidentiels, et ce, même si le contexte pandémique actuel fait en sorte que leur occupation s’est accrue. Voici néanmoins quelques pistes de réflexion pour les gestionnaires d’immeubles multirésidentiels souhaitant mettre en place quelques-unes des recommandations de l’ASHRAE dans leurs bâtiments.

Système de ventilation-pressurisation des corridors communs

Les recommandations de l’ASHRAE visant à mitiger les risques de transmission du COVID-19 touchent principalement les équipements CVCA. Dans la plupart des immeubles multirésidentiels, les équipements de CVCA inclus principalement les unités de compensation d’air (make-up air unit) qui pressurisent les corridors.

Parmi les recommandations de l’ASHRAE on retrouve entre autres : améliorer l’entretien des filtres et le niveau de filtration, ajuster les points de consigne d’humidité relative, augmenter les débits d’air extérieur. Dans le contexte des systèmes de pressurisation des corridors, ces recommandations sont difficilement applicables. D’une part, les systèmes fonctionnent généralement déjà avec 100% d’air extérieur et ne peuvent facilement augmenter leurs capacités de ventilation. De plus, ces systèmes sont rarement pourvus d’équipement permettant d’humidifier l’air neuf. Finalement, comme ces systèmes opèrent déjà avec 100% d’air extérieur, améliorer la filtration contribuerait peu à améliorer la qualité d’air ou, du moins, à limiter les risques de transmission du COVID-19.

Cependant, avant même de penser à améliorer ou remplacer ces systèmes, il convient de considérer la première recommandation de l’ASHRAE qui consiste à entretenir les équipements de ventilation et à vérifier leur opération. Effectivement, il est trop fréquent d’observer les systèmes de ventilation des espaces communs à l’arrêt en raison d’un manque d’entretien ou d’un manque de capacité de chauffage contraignant les opérateurs à les mettre à l’arrêt en hiver pour éviter d’introduire de l’air extérieur froid dans le bâtiment pouvant causer de l’inconfort et des dommages. Dans le contexte pandémique, il convient donc, plus que jamais, d’entretenir les systèmes CVCA et de s’assurer que leur opération permet de ventiler adéquatement les espaces communs. D’autant plus que la pressurisation des corridors communs est exigée au Code national du bâtiment.

Efficacité énergétique et subventions

Augmenter la capacité des systèmes de ventilation (remise aux normes) afin d’assurer une ventilation adéquate entraine une augmentation de la consommation d’énergie puisque l’air extérieur doit être chauffé. En revanche, en augmentant la pression d’air dans les corridors et ainsi dans les appartements, il y aura moins d’infiltration d’air à travers les fenêtres et l’enveloppe du bâtiment. En hiver, ceci augmente le confort des résidents et réduit la demande en chauffage des logements. D’une part, cette réduction n’est probablement pas suffisante pour compenser toute l’augmentation de la consommation d’énergie liée au système de ventilation et de pressurisation des corridors. De plus, les économies de chauffage dans les logements ne permettent pas au propriétaire de rembourser son investissement dans les mesures d’économie d’énergie lorsque le chauffage des logements est payé directement par les locataires. Ainsi, l’utilisation accrue des systèmes de ventilation centralisés entraine une augmentation de la facture énergétique du propriétaire, ce qui pourrait justifier l’investissement dans des mesures d’efficacité énergétique ciblant directement ces systèmes et permettant de réduire les coûts énergétiques du propriétaire.

  • Récupération d’énergie: une des mesures fréquemment mises en place pour un système à 100% d’air extérieur consiste à récupérer l’énergie de l’air évacué. Si les évacuateurs sont centralisés et situés à proximité du système d’air frais, la réalisation de cette mesure peut s’avérer relativement simple et rentable. Cependant, si les évacuateurs sont éloignés et dispersés, la mesure peut s’avérer très difficile et peu rentable. Plusieurs types de récupérateurs sont disponibles : boucle hydronique de glycol, noyau enthalpique, roue thermique, récupérateur à cassettes, etc. Le choix de la technologie devrait faire l’objet d’une analyse selon la configuration du système existant.
  • Amélioration de l’efficacité de chauffage et/ou conversion: si possible, la source d’énergie de chauffage du système devrait être analysée. Par exemple, si le système de ventilation est chauffé via un réseau hydronique, les équipements de chauffage de la boucle pourraient être améliorés ou convertis pour augmenter l’efficacité du chauffage ou réduire les émissions de GES.
  • Remplacement d’équipement: si le système de ventilation existant est en fin de vie, le choix le plus rentable pourrait consister à le remplacer par un nouveau système en y apportant des améliorations : efficacité accrue, récupération d’énergie, conversion de la source d’énergie, accumulateur thermique, etc.

Peu importe la mesure retenue, il y a des subventions disponibles qui pourraient s’appliquer pour encourager la réalisation des travaux. Voici un rappel de quelques programmes de subventions typiquement applicables pour ce genre de projet.

  • Énergir – Programme Implantation de mesures efficaces: pour les systèmes avec chauffage au gaz naturel, le programme subventionne la réduction de consommation de gaz naturel.
  • Transition Énergétique Québec – Programme Ecoperformance: pour les systèmes avec chauffage avec combustible fossile, le programme subventionne la réduction d’émissions de GES.
  • Hydro-Québec – Programme Solutions efficaces, offre simplifiée: pour les systèmes avec chauffage électrique, le programme subventionne l’installation d’équipements tels que récupérateur d’énergie, thermopompes aérothermiques, accumulateur thermique, etc.

En résumé, pour les gestionnaires d’immeubles multirésidentiels, s’assurer d’entretenir les équipements de ventilation et vérifier que leur opération est optimale représentent les étapes les plus pertinentes et accessibles pour suivre les recommandations de l’ASHRAE visant à mitiger les risques de transmission du COVID-19. Puisque l’utilisation accrue des systèmes de ventilation entraine une hausse des coûts énergétiques, investir dans l’efficacité énergétique de ces systèmes permet de réduire l’impact sur la facture énergétique tout en assurant un environnement de qualité aux locataires. De plus, des subventions sont disponibles pour supporter financièrement les gestionnaires et propriétaires dans la mise en œuvre de mesures d’efficacité énergétique

au-delà des systèmes de ventilation, il existe d’autres mesures d’efficacité énergétique relativement peu coûteuses à mettre en place dans un immeuble multirésidentiel. Celles-ci seront traitées dans un prochain article.

 

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